Le smartphone a-t-il tué le savoir vivre ?

Il rendrait jaloux homme, femme ou enfant, tant c’est avec lui que nous sommes le plus en communion. Quelques minutes se sont-elles écoulées qu’on le regarde à nouveau avec béatitude, qu’on le caresse de long en large, qu’on le garde jalousement contre soi, comme pour s’enquérir, à chaque instant, de sa présence continuelle, pour ne pas dire réelle. En quelques années, le smartphone est devenu la moitié de chacun de nous. Et nous ne l’avons pas vu venir. Que l’on soit en train de se noyer dans les yeux d’une magnifique créature, que l’on se recueille quelques temps dans un lieu de culte, que l’on assiste aux dernières heures d’un proche ou que l’on se décide à se concentrer sur un livre ou un devoir, et voilà qu’il se rappelle inéluctablement à nous, et pire encore, en nous. Son vibreur se manifeste comme des électrochocs qui tentent de ramener à la vie un patient, sa sonnerie comme celle qui annonce la fin de la récréation, ses notifications comme des décisions irrévocable de tribunal. Alors on quitte tout et on le suit. On fait sacerdoce.